Historique de la Race

     Le texte qui suit est une compilation des recherches que j'ai faites sur le sujet, s'il vous inspire des commentaires ou si certaines informations vous paraissent erronées, n'hésitez pas à m'en faire part.

 

Le Grand Münsterländer est un survivant : l'histoire mouvementée de cette race laisse à penser que ce chien ne serait jamais arrivé jusqu'à nous s'il n'y avait pas eu une poignée de passionnés qui ont porté la race à bout de bras contre vents et marées. Bien que très récemment fixée en termes de standard, la race est très ancienne.

Le Grand Münsterländer est le descendant des vieilles races allemandes de chiens de chasse. Directement lié au Deutsches Langhaar Vorstehhund (chien d'arrêt allemand à poil long), lui-même descendant vraisemblablement du chien d'oysel allemand dont les origines se perdent dans l'histoire. Ces chiens sont très fortement apparentés au braque allemand avec qui ils partagent de nombreuses caractéristiques (le Langhaar est d'ailleurs parfois appelé braque allemand à poil long). La race a été améliorée au fil du temps par des apports de sang de Setters notamment et, selon certains avis, le croisement avec d'autres épagneuls continentaux aurait été utilisé pour adoucir un peu le caractère réputé difficile des braques allemands.

La race du Grand Epagneul de Munster est née officiellement en 1919 avec la création d'un Standard spécifiquement consacré au Grand Münsterländer au cours d'une réunion de propriétaires de Langhaars noirs et blancs à Haltern en Westphalie, au coeur de la région nommée Munsterland. Bien sûr, ces chiens existaient avant cette date (on en trouve la trace dans un ouvrage paru en 1811), mais ils étaient alors considérés comme une variante noire et blanche du chien d'arrêt allemand à poil long (Deutsches Langhaar Vorstehhund).

 

 Bronze de Nurnberg (Allemagne) XIX siècle.

Epaules puissantes, pattes solides et pieds larges, il y a un certain air de famille !

        En 1879, à la création du standard définitif du Langhaar, il fut décidé que seuls les chiens couleur foie uni ou foie et blanc pouvaient prétendre à l'enregistrement. Les chiots noirs et blancs, que l'on considérait comme trop ressemblants au Setter anglais, furent alors progressivement éliminés. Une explication avancée par le Club Allemand du Grand Münsterländer est qu'après la guerre de 1870, c'est par nationalisme que l'on a voulu retrouver le chien d'arrêt allemand dans toute sa pureté. En effet, dans la première moitié du XIX° siècle, du sang de Pointer et de Setter anglais avait été ajouté à la race traditionnelle pour en améliorer les qualités.

        En 1919, à la création du standard, on comptait en tout en pour tout 83 chiens, ce qui constitue une bien maigre réserve génétique ! C'est pour cette raison que, dans les années 1930, quelques tentatives d'extention du patrimoine génétique avec des Langhaars. Tout se passa bien jusqu'à la seconde guerre mondiale : malheureusement, les chiens de chasse et la guerre ne font pas bon ménage ! Il semble que nombre de ces chiens ont été utilisés par les militaires (certains auraient même été élevés chez Hitler et à Auschwitz). Vraisemblablement, seuls six élevages ont survécu à la guerre.

Ce n'est qu'à des passionnés qu'on doit la survie de la race. Dans les années 1970, il a d'ailleurs fallu à nouveau Fender, un Grand Munstelander Marron et Blancdynamiser le patrimoine génétique grâce à des croisements avec des Langhaars, la mention DL (Deutsches Langhaar) figurant parfois à côté du nom d'un ancêtre pour marquer l'existence d'un croisement.

De nos jours, il arrive encore que certains chiots nés de parents noirs et blancs soient de couleur foie comme sur la photo ci-contre. Quoiqu'ayant toutes les qualités du Grand Munsterlander, ils ne peuvent malheureusement plus prétendre à être admis au standard.

 

 

Heureusement, aujourd'hui, le Grand Münsterländer se porte plutôt bien : quoique rare, même en Allemagne, on en trouve dans toute l'Europe (bien peu en France, hélas), aux Etats-Unis et aux Antipodes avec des éleveurs extrèmement actifs en Australie et en Nouvelle-Zélande

 

Imaginez que ces yeux-là auraient pu disparaître à tout jamais !

 

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